Loin d’en être à sa première scène, Marta Herschel a assuré les premières parties de Frànçois & The Atlas Mountain à l'UBU et de Ben Cozik à La Guinguette du MeM. Après avoir suivi des temps de formation et d'accompagnement à sa pratique musicale dans le cadre du tremplin, elle partagera son amour de la musique lors d’un concert entre rock, folk-rock et indie-rock.
* Une scène ouverte (parfois appelée Open Mic, par anglicisme) est un spectacle live organisé hebdomadairement, mensuellement ou occasionnellement dans certains lieux comme un pub, un bar ou un café pour encourager de nouveaux talents, des musicien·nes aux comédien·nes en herbe en passant par les artistes de divers horizons.
Crédit photo : Guillaume Julien - Le Diapason, Université de Rennes 1
Qu'est-ce qui vous a donné envie de participer au tremplin ? Aviez-vous des attentes précises par rapport au dispositif ?
Quand j’ai lu l’annonce je me suis tout de suite inscrite car j’avais envie de partager mon projet musical avec le plus grand nombre de personnes, comme j’ai déjà pu le faire lors de concerts ou d’Open Mics*, mais à une plus grande échelle. L’opportunité de faire une résidence artistique dans une salle de spectacle comme le Diapason tout en étant accompagnée par des professionnel·les du milieu me paraissait assez dingue. C’était pour moi l’occasion de poser toutes les questions techniques, de son et de mise en scène que j’avais, mais aussi de développer et de perfectionner mon projet. Pour autant, je n’aurais jamais pu imaginer toute l'aide, l'inspiration et la motivation que cet accompagnement m’a apporté. Je tiens à remercier le Diapason pour l’accueil ainsi que Clément et Guillaume, avec qui j’ai eu la chance de travailler. Ils ont rapidement saisi ma vision et m’ont aidée à la faire évoluer, l'améliorer. Ils m’ont également donné les outils pour la concrétiser sur scène.
Comment décririez-vous votre musique pour celles et ceux qui ne vous ont jamais entendu ou jamais vu jouer ? Quelles sont vos influences ?
Je ne sais pas si on peut dire qu’elle est dans l’ère du temps mais elle vient de moi, elle me ressemble, elle est énergique et donne envie de bouger, de vibrer, de crier, tout simplement de se sentir en vie. Je suis très influencée par les lieux où j’ai vécu, aussi bien en Espagne qu’en Angleterre et en France. La musique que j’écoute m’influence aussi énormément, ce sont des groupes d’indie rock britanniques tels que Catfish and the Bottlemen, Blossoms, Arctic Monkeys ou Franz Ferdinand qui m’ont donné envie de commencer à faire de la musique. J’adore aussi le côté plus folk de KT Tunstall ou la pop folk de Zella Day, ainsi que d’autres groupes plus funk comme L'Impératrice ou CHIC. La musique engagée de La Raíz ou Pedro Pastor sont également des sources d’inspiration pour moi.
Pour les non-hispanophones et non-anglophones, que racontent les textes de vos chansons ?
Mes chansons commencent souvent par une mélodie ou un rythme qui m’inspire ensuite le texte, ça m’aide à mieux comprendre tout ce qui me vient à l’esprit. L’idée c’est que, même si parfois les gens ne comprennent pas les paroles, la musique est universelle en transmettant des émotions qu’on a tous·tes ressenti·es, comme la joie, la colère, la folie ou la solitude. En parallèle de ça et depuis quelques mois, j’ai écrit un EP (que j’enregistre maintenant) pour lequel j’ai changé ma façon de composer. Ce travail fait suite à la publication d’un livre par mon frère et ma sœur, intitulé El Aquelarre de Celia, qui m’a réellement inspiré, les chansons me sont venues naturellement pour chacun des personnages. L’exercice s’en est trouvé inversé, la musique est née à partir d’histoires de solitude, de peur, de fureur ou de vengeance présentes dans le roman.
Avez-vous des thèmes qui vous inspirent ou des sujets privilégiés ?
Tout m’inspire, la vie m’inspire, mes expériences et celles des autres, les nuits de folie dont tu ne te rappelles plus comment elles ont commencé. Mais aussi les moments de solitude, lorsque tu es loin de tes proches, les moments où tu tombes et où tu continues à te relever. Et aussi l’incroyable opportunité qu’on a d’être ici, un peu de tout en fait *rire*.
Crédit photo : Guillaume Julien - Le Diapason, Université de Rennes 1
Quelle est votre expérience de la scène ?
J’ai commencé à jouer pour un public autre que mes parents, dans la rue, à Huelva, au sud de l’Espagne, un été alors qu’on était en vacances. J’ai eu envie de tenter l'expérience en jouant en public et depuis ce temps je ne me suis plus arrêtée. En rentrant à Salamanque, où j’habitais, j’ai commencé à aller aux Open Mics* et à jouer dans des bars. Par la suite, je suis venue à Rennes pour faire un Erasmus en 2018, et ça m’a complètement changé la vie. Je suis devenue une habituée de l’Open Mic* du Penny Lane, qui m’a accueillie et permis chaque mardi de m’exprimer, de tester mes peurs et m'améliorer petit à petit. Cela m’a rendue plus confiante pour aller de l'avant, pour aller chercher d’autres espaces d’expression, car c’est ça qui me rend fondamentalement heureuse : partager ma passion avec les autres. De les rendre eux aussi heureux·ses, comme la musique a pu le faire pour moi. Ça a été un processus très organique et en décembre dernier je me suis retrouvée en première partie de Frànçois and the Atlas Mountains, à l’UBU, une scène que je n’aurais jamais imaginé fréquenter en tant qu’artiste. C’était une expérience incroyable, la cerise sur le gâteau pour clore mon année 2021. En 2022, ça redémarre sur les chapeaux de roues avec ce tremplin et la date du 31 mars au Tambour, j’ai tellement hâte de vous montrer tout le show !!!
La première chanson que vous avez composée ?
C’est Skin, une chanson que j’avais écrite un été à Madrid après une année un peu difficile et qui m’a beaucoup aidé à tourner la page, elle est très intime et c’est une de mes préférées.
Si vous deviez citer trois albums sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ? / Une trouvaille musicale à partager ?
The Balcony, de Catfish and the Bottlemen, car c’est la découverte de leur chanson Kathleen, qui m’a donné une irrésistible envie de commencer à jouer de la guitare et à chanter.
Entre Poetas y Presos, de La Raíz, je pense que je n’ai jamais autant pleuré en écoutant un album, ce sont des histoires de la Guerre Civile espagnole racontées avec une âme. Ce n’est pas juste la musique qui est exceptionnelle, les textes et l'émotion qu’elle dégage me donne toujours des frissons. Je pense que si tout le monde l'écoutait, on pourrait tendre vers une justice et une unité.
Hamilton, de la comédie musicale Broadway Hamilton. C’est la première bande originale de comédie musicale que j’ai écoutée, et sans connaître l’histoire, ni la mise en scène ni rien, la musique à elle seule a été capable de me plonger dans cet univers. Elle m’a donné envie d’aller chercher plus loin. Je suis toujours surprise par le génie des paroles, les instruments et la magie du casting qui composent cette pièce, j’aimerai tellement voir ça un jour, en vrai dans un théâtre.
Que pensez-vous de la scène musicale rennaise ?
Je l’aime de tout mon cœur, je me suis fait des ami·es incroyables. J’ai eu l'occasion de vivre des expériences uniques par ce petit truc magique qui a lieu chaque nuit, quelque part. Chaque fois qu’il y a un saxo qui résonne dans une cave, un piano accompagné d’une batterie qui mettent le feu lors d’une jam-session, ou lorsque quelqu’un monte sur scène pour la première fois et découvre une vocation. Pour moi, Rennes m’a tout donné, et la vitalité que la musique imprime dans la ville la rend magique. Je suis tellement heureuse d’avoir découvert ce petit coin du monde, avec des gens ouverts d’esprit, accueillants et talentueux. C’est la meilleure scène que j’ai jamais connue portée par de vrais gens qui partagent leur amour pour la musique et alimentent cette flamme.
