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Interview

Marie Bellec, en "totale immersion" aux États-Unis

Marie Bellec est partie pendant deux ans comme Graduate Teaching Assistant grâce à une convention signée entre Rennes 2 et University of New Mexico. Ce poste, rémunéré, lui permettait aussi d'être inscrite en master. L'expérience lui a tellement plu qu'elle a décidé de poursuivre son expérience américaine en faisant une thèse à Philadelphie.

Marie Bellec

Comment avez-vous eu connaissance de cet échange avec University of New Mexico (UNM) ?

Marie Bellec J’ai eu connaissance de l’échange avec l’UNM par chance car je faisais non pas partie du département d’anglais, mais de lettres à Rennes 2. J’ai reçu l’information via un email envoyé par un professeur de mon département et j’ai immédiatement souhaité assister à la réunion d’information.

Qu'est-ce qui vous a motivée à candidater ?

M. B. Je terminais mon master de lettres. J’envisageais depuis toujours de poursuivre un doctorat, mais je ne me sentais à l’époque pas assez mûre pour commencer une thèse. Le programme de l’UNM me semblait donc idéal : il me permettait de faire de la recherche tout en enseignant. De surcroît, l’expérience de l’étranger et de l’académie américaine avait toujours attisé ma curiosité.

Comment s'est déroulée l'épreuve de sélection ?

M. B. L’épreuve de sélection s’est déroulée en deux étapes : une première à Rennes 2, sous la forme d’un petit entretien avec Anthony Larson et Virginie Rousseau, qui m’ont posé des questions sur mes attentes quant à l’enseignement, l’académie, la recherche et l’idée de vivre à l’étranger. La moitié de l’entretien s’est déroulée en français, et l’autre en anglais. La seconde étape de sélection s’opère entre Rennes 2 et l’Université du Nouveau Mexique ; j’ai alors rassemblé des documents pour monter mon dossier de candidature tels que trois lettres de recommandation, une lettre de motivation, un writing sample, et surtout, mes scores de TOEFL, examen auquel il vaut mieux s’inscrire un peu à l’avance : il n’y qu’un endroit où il est possible de le passer en Bretagne, alors les délais d’inscriptions sont courts !

Aviez-vous des appréhensions au moment de partir ?

M. B. Pour être honnête, pas vraiment. J’avais passé un an à l’étranger dans le cadre d’un échange Érasmus deux ans auparavant, et l’idée de vivre aux États-Unis me plaisait vraiment ; j’avais terminé mes études en France et j’étais prête à me lancer dans une nouvelle aventure.

Comment s'est passée votre arrivée à Albuquerque ? Comment avez-vous été accueillie ?

M. B. Je suis arrivée quelques jours avant le début des cours. J’ai pris rendez-vous avec les professeurs du département qui m’ont beaucoup aidée à m’orienter jusqu’à ce que je sois parfaitement à l’aise avec mon nouvel environnement. J’ai aussi sympathisé rapidement avec mes collègues du département !

Comment étiez-vous logée ?

M. B. J’avais trouvé sur Facebook, plusieurs semaines avant mon arrivée, une colocation tout près du campus, mais j’aurais tout aussi bien pu attendre mon arrivée : il est très facile de trouver un appartement à Albuquerque !

Avez-vous trouvé facile de vous intégrer ?

M. B. J’ai trouvé l’expérience du master aux États-Unis très différente d’un « simple » échange, au cours duquel les étudiants étrangers se retrouvent souvent entre eux. Je me suis très bien intégrée dans mon programme, ce qui m’a permis de passer plus de temps avec des Américains, en totale immersion !

Dans quel parcours étiez-vous inscrite ? Comment se déroulaient les cours ?

M. B. J’étais inscrite en master de littérature comparée. L’expérience des cours a été pour moi bien différente de mon expérience en France : les étudiants prennent peu de cours par semestre (peut-être deux ou trois), en échange de quoi chacun de ces cours demande une quantité de lectures assez importante et une participation en classe active.

Vous travailliez aussi pour l'université. Quelles étaient vos missions de "Graduate teaching assistant" ?

M. B. J’ai enseigné deux classes par semestre, à raison de six heures de cours de français par semaine. J’ai beaucoup apprécié l’autonomie qui m’était accordée : les teaching assistants préparent tous les cours, tous les examens et sont entièrement responsables de leurs classes. Je souhaite être enseignante depuis de nombreuses années et je n’aurais pas pu espérer une meilleure première expérience du métier de prof !

Qu'est-ce que cette expérience à l'étranger vous a apporté ?

M. B. En plus de l’expérience de l’enseignement, un enrichissement personnel incontestable : la maîtrise de la langue anglaise, l’apprentissage de la vie dans une ville et un environnement très différents de celui que je connaissais : Albuquerque est située en altitude, dans le désert et est globalement extrêmement différente de Rennes.

Quelles sont les différences principales que vous avez observées entre le système américain et le système français ?

M. B. Les professeurs sont beaucoup plus accessibles et disponibles. Il m’a été un peu difficile d’être à l’aise au début, mais une fois passée la phase d’adaptation, j'ai pu discuter en toute liberté de mon travail avec mes enseignants.

Avez-vous eu l'occasion de voyager à travers les États-Unis pendant ces deux ans ?

M. B. Oui ; à l’UNM, les étudiants bénéficient de périodes de vacances assez longues (notamment à Noël, l’été et pendant le spring break), pendant lesquels j’ai eu l’occasion de visiter presque tous les états du Sud-Ouest. Il est également possible de visiter les parcs nationaux américains le week-end, facilement accessibles depuis Albuquerque. Maintenant que je vis à Philadelphie, j’espère avoir l’occasion (et le temps) d’en faire autant avec la côte Est du pays !

Pourquoi avez-vous décidé de rester aux États-Unis pour faire votre thèse ?

M. B. Après avoir découvert le cadre universitaire américain, je ne m’imaginais plus rentrer en France et travailler seule sur un sujet de recherche pendant plus de trois ans sans être financée. Les étudiants aux États-Unis continuent à suivre des cours même pendant leur doctorat, et enseignent, ce en échange de quoi ils reçoivent une bourse, ce qui m’a semblé très attrayant. J’ai postulé dans plusieurs universités et eu la chance d’être retenue dans une université reconnue dans une des plus grandes villes des États-Unis, dont le programme d’enseignement m’intéressait, et qui m’offre l’avantage d’être financée pendant cinq ans.

Que conseilleriez à un·e étudiant·e qui hésiterait encore à candidater ?

M. B. L’échange avec l’UNM propose des conditions idéales aux étudiants intéressés par la découverte de nouvelles cultures, le perfectionnement de l’anglais, l’enseignement du français, l’acquisition d’un second master, et par la recherche. Ce séjour a été pour moi, bien davantage qu’un simple  échange, un vrai tremplin vers le Ph.D. américain et – je l’espère – le monde académique, que ce soit aux États-Unis, en France ou ailleurs. Il a été l’occasion d’une ouverture considérable, autant personnelle que professionnelle.

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